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Date de création : 18.10.2010
Dernière mise à jour : 03.04.2013
39 articles


science

science et dogme

Publié le 03/04/2013 à 20:09 par adlibitum Tags : image création blog monde bonne article histoire background nature femmes internet lecture citation

 

Des conservateurs américains nient la relativité d’Einstein

De la part des ultra-conservateurs américains, on croyait avoir tout entendu en matière d'attaques anti-science, notamment au cours de l'année électorale 2012 : offensive créationniste contre l'évolution darwinienne et son enseignement dans les écoles, négation du réchauffement climatique menant à des absurdités comme la volonté de légiférer pour obliger les chercheurs à estimer l'élévation future du niveau des océans à partir de formules décidées par les responsables politiques, remise en cause par le gouverneur de Floride Marco Rubio de l'âge de la Terre établi par la science, campagnes anti-vaccination... C'était déjà beaucoup. Mais le tableau n'était en réalité pas complet. J'ai en effet, grâce à un internaute anonyme que je remercie ici, découvert que certains conservateurs américains s'en prenaient aussi à la théorie de la relativité sur le site Conservapedia.

Avant d'aller plus loin, il faut décrire un peu le projet Conservapedia. Il a été lancé en novembre 2006 par le juriste Andrew Schlafly, très engagé à droite sur la défense des valeurs traditionnelles chrétiennes et dans des domaines comme le créationnisme ou le mouvement anti-avortement. L'histoire raconte que c'est en s'apercevant que les modifications qu'il faisait dans Wikipedia au sujet du débat sur l'introduction du créationnisme dans l'enseignement étaient, pour des raisons de neutralité, systématiquement effacées par les modérateurs de l'encyclopédie en ligne que M. Schlafly a eu l'idée de créer sa propre version de Wikipedia, dans laquelle il pourrait défendre ses valeurs sans craindre la "censure". Le site est très clairement sur une ligne ultra-conservatrice et religieuse. De ce point de vue, il n'est guère étonnant de le voir s'attaquer à l'évolution darwinienne, laquelle, n'étant pas jugée compatible avec la Bible, est devenue la cible scientifique favorite des fondamentalistes chrétiens (et aussi de certains musulmans comme on a pu le voir en Turquie)... On ne sera pas plus surpris d'apprendre que l'entrée sur l'avortement fait partie des plus consultées ni de savoir que le site colporte des contre-vérités à ce sujet comme le pseudo-lien entre avortement et cancer du sein, ce afin de dissuader les femmes d'avoir recours à l'IVG.

En revanche, il est plus curieux de trouver une agressivité non dissimulée envers la relativité. Visiblement, son tort est, je cite, d'être "fortement promue par des gens de gauche qui aiment son soutien au relativisme moral et sa tendance à induire les gens en erreur sur leur façon de voir le monde"(car il n'y a apparemment qu'une seule bonne façon de voir le monde). Autre argument : "pratiquement aucun de ceux à qui on enseigne la relativité et qui y croient ne continue de lire la Bible"... Dans les faits, l'entrée sur Albert Einstein dans Conservapedia fait passer le savant pour un plagiaire, un simple contributeur à la théorie de la relativité restreinte (qu'il aurait "pompée" dans les travaux de Lorentz et Poincaré) et à celle de la relativité générale, ce qui est encore plus grotesque. Quant à l'entrée sur la relativité, elle consacre deux de ses parties à assurer que la théorie manque de confirmations alors même que le premier souci d'Einstein avait été de la tester en expliquant le phénomène, incompréhensible jusqu'alors, de la précession du périhélie de Mercure. De nombreuses mesures ont aussi amplement démontré que, comme prévu par la théorie, la masse des étoiles déformait l'espace-temps et pouvait dévier la trajectoire des rayons lumineux venant d'astres situés derrière elles. Conservapedia affirme également que le GPS ne prend pas en compte les effets relativistes, ce qui est un mensonge éhonté.

Mais la palme du négationnisme scientifique doit être réservée à une page faisant la liste des 48 (pas moins...) preuves que la relativité est fausse. Autant dire que c'est 47 de trop : si une seule était avérée, la théorie aurait été abandonnée (ou amendée) et il y a fort à parier que les médias en aurait fait leurs choux gras comme lorsqu'on a prématurément annoncé avoir mesuré des neutrinos plus rapides que la lumière... Cette fausse information figure d'ailleurs dans la liste des 48 alors qu'il a été assez vite établi que l'effet supraluminique était dû... à un problème de branchement informatique. De la même manière, Conservapedia prend comme argument la fameuse anomalie Pioneer, force mystérieuse qui freinait les sondes du même nom dans l'espace, et dont on a fini par comprendre l'origine en 2012 : les moteurs, en émettant des photons qui allaient frapper l'antenne des sondes, étaient la source même de leur ralentissement. Rien dans cette histoire ne prend la relativité en défaut.

Plusieurs de ces 48 pseudo-preuves n'ont pas de lien direct avec la relativité et elles montrent surtout que ceux qui les ont rassemblées – lesquels semblent vouloir se contenter de la théorie newtonienne de la gravitation – ne comprennent pas grand chose au sujet. Un constat que confirme l'examen de leurs sources. Pour ces 48 contre-exemples, on compte seulement 30 références et parmi ces 30 références, une seule est un article publié dans une revue scientifique à comité de lecture (les autres proviennent de magazines, de sites Internet, voire de forums en ligne...). Pour la petite histoire, il s'agit d'une lettre d'une page parue dans Nature en 1970... et qui ne réfute pas la relativité.

Pour terminer,je tiens à attirer l'attention sur le fait que, dans cette longue liste d'arguments exposés à tort et à travers, figurent deux "preuves" d'un genre très particulier puisqu'il s'agit de citations de la Bible. La première se rapporte à la création du ciel dans la Genèse, vue comme la preuve de l'existence de l'éther, cette substance censée remplir l'espace qui a été une des principales victimes de la relativité. La seconde citation est tirée des Evangiles selon Jean et Matthieu, lorsque Jésus guérit le fils d'un fonctionnaire du roi. Se produisant instantanément et à distance, donc plus vite que la lumière, cette guérison miraculeuse prouverait que la théorie de la relativité est fausse... si l'on pouvait démontrer que les miracles divins doivent se conformer aux lois de la physique.

A priori, on pourrait se dire qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Ce serait oublier que ce site Internet est le reflet d'une frange non négligeable de la population de la première puissance mondiale. En plus de vouloir maintenir la science entre les bornes de la religion, Conservapedia tente de transmettre, sous le couvert d'une approche encyclopédique, un certain nombre de contre-vérités inquiétantes à un public qui, parfois, cherche simplement des réponses à ses questions. Ce public d'internautes n'est pas forcément armé pour faire face aux mensonges de la propagande élaborée par des fondamentalistes chrétiens, lesquels ont mis au point, notamment au sujet du créationnisme, une stratégie habile faisant semblant de combattre la science avec ses propres armes. Sur sa page d'accueil, Conservapedia revendique plus de 450 millions de pages vues.

Pierre Barthélémy

 

http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2013/04/03/des-conservateurs-americains-nient-la-relativite-einstein/

Sommes-nous câblés pour argumenter ?

Cette irrationalité inhérente à l'esprit humain, dont nous avons déjà présenté plusieurs aspects dans nos colonnes, d'où vient-elle ? Si la raison a été réellement développée pour nous permettre de résoudre des problèmes complexes, elle aurait dû se montrer plus efficace. C'est le lièvre que soulève un article du New Scientist(réservé aux abonnés, mais ses sources sont disponibles en ligne). La réponse la plus évidente est que la raison n'a pas pour but de trouver des solutions.

 

Le raisonnement sert-il d'abord à convaincre ?

Fondamentalement, nous explique-t-on, l'homme est un animal social dont l'intelligence a évolué au sein d'un groupe. Nos fonctions mentales les plus évoluées, comme le langage, ne sont peut-être pas apparues pour gérer directement les difficultés matérielles de l'environnement, mais plutôt comme moyen de faciliter la communication à l'intérieur de la tribu. Lorsqu'on examine une faculté comme le raisonnement, il faut donc replacer celle-ci dans le contexte social où elle s'est développée. Son but, nous explique le New Scientist, ne serait pas de trouver des solutions, mais de convaincre nos partenaires de la force de nos propositions en argumentant. Cette théorie du "cerveau machiavélique" a été émise par Dan Sperber et Hugo Mercier dans un article " Why do humans reason ? Arguments for an argumentative theory (.pdf)" (on notera l’ironie du titre ! : "Pourquoi les humains raisonnent ? Arguments pour une théorie argumentative" - que nous avions déjà évoqués dans La théorie argumentative : le rôle social de l'argumentation). Hugo Mercier travaille à l'université de Neuchâtel. Quant à Dan Sperber, le New Scientistle donne comme professeur à l'université de Budapest. Mais cet anthropologue français a d'autres casquettes. Il occupe notamment le poste de directeur émérite àl'institut Jean Nicod à Paris, célèbre centre d'études des sciences cognitives. Sperber est l'un des représentants les plus connus de l'école de "l’anthropologie cognitive". Grosso modo, on peut dire que l’anthropologie cognitive considère qu'on retrouve des fonctions cognitives fondamentales qui expliquent le comportement humain en deçà des variations qu'on découvre dans les différentes civilisations, à l'opposé d'une anthropologie plus classique qui considère que ces comportements résultent avant tout de la culture. De nombreux anthropologues cognitifs se sont illustrés dans l'étude des fondements de la religion, par exemple Pascal Boyer, français basé aux Etats-Unis, et auteur de Et l'homme créa les dieux ou encoreScott Atran, (qui a écrit Au nom du Seigneur : la religion au crible de l'évolution), américain, mais enseignant (entre autres) en France. Une distribution très franco-internationale ! On retrouvera pas mal des acteurs de cette école (dont Sperber et Mercier) sur le blog de l'"International Institute for Cognition and Culture", en anglais malgré la forte proportion d’auteurs francophones.

Afin de l'emporter dans le débat, certains biais propres à notre fonctionnement mental se seraient particulièrement développés. En premier lieu, le biais de confirmation, l'une des erreurs épistémologiques les plus courantes. On sait que le meilleur moyen de prouver la validité d'une théorie, n'est pas d'accumuler des données susceptibles de la confirmer (on en trouvera toujours) mais de trouver un fait, un seul, capable de la réfuter. Ainsi, on croyait qu'une des caractéristiques du cygne était sa blancheur. Des milliers d'observations sur des siècles confirmaient cette théorie. Il a suffi, un jour, qu'on découvre un cygne noir en Australie pour réfuter cette idée (c'est de là que vient l'expression "cygne noir", popularisée par Nicholas Taleb, pour décrire les évènements surprenants et contre-intuitifs).

Un autre exemple cité par le New Scientist est la façon dont nous sommes sensibles à la manière dont les arguments sont présentés. Par exemple, si je dis que, face à une catastrophe, le plan A permet de sauver 200 habitants d'un village de 600 personnes, tandis qu'avec le plan B, un tiers des personnes ont une chance de survivre tandis que les deux tiers mourront, les gens choisiront le premier plan, alors que les deux branches de l'alternative sont en réalité identiques. Dans le premier cas, j'ai insisté sur la survie possible. Dans le second, j'ai mentionné les fortes chances que chacun des villageois avait de mourir.

 

Des biais innés ?

Naturellement objectera-t-on, rien ne dit que le cerveau ait évolué de cette manière, c'est juste une hypothèse. Quels sont les éléments qui permettraient de l'appuyer (en dehors de la force de l’argumentation !). Après tout, un des reproches souvent adressés à la psychologie évolutionniste est que contrairement à la biologie, il n’existe aucun fossile nous permettant de retracer l'évolution des fonctions mentales. D'abord, ce n'est pas tout à fait vrai. Comme le montre Steve Mithen, un "archéologue cognitif" (ça existe !), ces fossiles existent bel et bien : ce sont les artefacts laissés par nos ancêtres, dont l'analyse peut révéler bien des aspects de leur comportement. L'autre méthode pour établir une théorie de psychologie évolutionniste consiste à établir des expériences pour voir si certaines facultés mentales se développent "naturellement" ou si au contraire elles sont le produit d’une éducation ou d'une culture.

D'où l'importance du travail avec les enfants. Hugo Mercier affirme dans un papier sur le sujet que les enfants sont capables très jeunes d'utiliser des arguments pour justifier leurs actions de manière convaincante. Face à une faute morale, par exemple le vol d'un jouet, ils se montrent très vite susceptibles d’élaborer des défenses argumentées (ce jouet était à moi, c'est l’autre qui a commencé, etc.). Dès 18 mois, les petits sont en mesure de justifier leurs actions, avec le peu de vocabulaire dont ils disposent. Mais les enfants, explique Mercier, sont aussi tout à fait capables de critiquer les arguments des autres.

En fait, le biais de confirmation serait, explique Mercier, fondamentalement lié à la motivation. Si nous ne cherchons pas la vérité, mais plutôt à "gagner" dans la discussion, il est préférable de mettre en avant les arguments qui soutiennent notre point de vue que chercher ceux qui pourraient le contredire.


Un avantage pour l'intelligence collective ?

Cette analyse du "cerveau social" peut paraître désespérante au premier abord, dans une perspective rationaliste classique. En fait, elle apporte de l'eau au moulin des nouvelles théories concernant l'intelligence collective.

Car paradoxalement si le cerveau seul n'est pas rationnel, lors d'un raisonnement en groupe, ces différents biais cognitifs peuvent s'avérer avantageux. En effet, comme le rappelle Mercier dans un article (qui remplacera avantageusement, pour les non-abonnés, la lecture de l’article du New Scientist), seule la production des arguments est viciée, pas son évaluation. Comme on l'a vu, les enfants peuvent très bien critiquer les arguments des autres. Ainsi, explique-t-il, le biais de confirmation pourrait apparaître comme une "division cognitive du travail". Dans un groupe, chacun défendra son opinion en apportant les données qui la confirment. A charge pour les autres de la réfuter. En revanche, cela montre qu'il devient plutôt dangereux de raisonner tout seul : on risque de confirmer en boucle ses propres croyances.

Ce fonctionnement propre à l'esprit humain pourrait avoir des conséquences sur notre manière de gérer les questions politiques, car il donne, toujours selon Mercier, un nouveau sens à la pratique de la démocratie délibérative – l'idée selon laquelle d'importantes décisions concernant la collectivité doivent être prises après une multitude de discussions entre les citoyens. "Notre théorie explique très bien pourquoi la délibération pourrait s'avérer un outil très efficace", affirme-t-il.

"En se basant sur un point de vue dominant, cartésien, les gens ont tenté pendant des années de réformer notre façon de raisonner : en enseignant la pensée critique, en nous poussant à nous débarrasser de nos biais, en faisant de chacun de nous un Kant. Cette approche n'a pas été couronnée de succès. Ce n'est pas surprenant selon notre théorie, parce qu'on a essayé de réformer quelque chose qui fonctionne parfaitement bien- comme si on avait décidé que les mains étaient faites pour marcher et qu'il faudrait enseigner cela à tout le monde. Au contraire, nous affirmons que le raisonnement fait très bien ce qu'il est censé faire - argumenter - et qu'il produit de bons résultats dans dans de bons contextes d'argumentation."Naturellement, la question du contexte, justement, a son importance. Comme le note Mercier, les groupes où tout le monde est d'accord ne produiront pas de bons résultats. Ce n'est pas si évident en politique, où les gens ont plutôt tendance à se retrouver en fonction d'affinités idéologiques (ou alors à s'étriper sans s'écouter mutuellement). Mais finalement, le meilleur espace d'argumentation possible n'est peut-être pas le débat traditionnel, mais le lieu où les rencontres les plus improbables se multiplient, comme ce bâtiment 20 du MIT dont Jonah Lehrer faisait récemment l'éloge...

 

Rémi Sussan

Le doute scientifique, une attitude exemplaire

Publié le 25/09/2011 à 12:31 par adlibitum Tags : image belle nature cadre monde

C'est une belle leçon de morale que viennent d'administrer les chercheurs du CNRS et du CERN, l'organisation européenne pour la recherche nucléaire, qui est aussi le plus grand laboratoire de physique du monde. Aprèsavoir découvert, dans le cadre d'une expérience baptisée "Opera", que des particules pouvaientvoyagerplus vite que la lumière, l'équipe de physiciens a passé six mois àtenter detrouverune faille à cette découverte. L'enjeu est de taille : si les résultats de ces travaux sont confirmés, ils mettront à bas la théorie classique de la relativité restreinte d'Albert Einstein, loi centrale de la physique depuis 1905.

Confrontés à des résultats qui bousculent la confortable routine des certitudes, les physiciens associés à cette expérience auraient pugarder leurs travaux pour eux. Ils ont choisi la démarche inverse. Vendredi 23 septembre, ils ont publié les résultats de leurs recherches, exposant de la manière la plus ouverte les détails de leur expérience et ses données brutes.

Amenés àmettre en doute la validité d'un principe cardinal de la physique, ils offrent ainsi à la communauté scientifique tous les moyens demettre à son tour en doute, méthodiquement, le fruit de leurs travaux. Ils s'exposent, volontairement, à la critique de leurs pairs. Au cours de ce processus, qui pourraêtre orageux, les arguments des uns et des autres seront entendus ; de nouvelles expériences seront sans doute menées ou imaginées, pourtrancher la question. Peu à peu se dégagera un consensus, et la science en sortira plus forte, ouvrant ou non la voie à de nouvelles théories capables de mieuxdécrire les lois de la nature. Les "neutrinos supraluminiques" - nom de ces particules fondamentales furtives - du laboratoire souterrain de Gran Sasso, en Italie, où ont eu lieu les mesures de la vitesse de leur propagation, seront peut-être à l'origine d'une nouvelle aventure pour la science. Dans l'immédiat, ils sont surtout le symbole de la soif desavoirdes communautés scientifiques, et de leur volonté de selibérer des convenances sociales, idéologiques ou économiques. Du scepticisme comme antidote à l'arrogance.

Scandales sanitaires, expertises défaillantes, corruption et conflits d'intérêts ont, depuis plusieurs années, terni l'image des scientifiques auprès du grand public. Ce qui se produit actuellement dans la communauté des physiciens est, au contraire, une remarquable manifestation de l'intégrité de la démarche scientifique.

Cette démarche a parfois été détournée par les conflits d'intérêts. Elle a puêtreinstrumentalisée pourcréer délibérément le doute, à des fins industrielles ou commerciales - sur la nocivité du tabac, de l'amiante, du Mediator, ou sur la réalité du changement climatique. Les faits eux-mêmes finissent le plus souvent par s'imposer. Il ne reste rien, aujourd'hui, de la fusion froide ou de la mémoire de l'eau. En ces temps de double crise mondiale, économique et écologique, on ne peut quesouhaiter aux économistes de s'inspirer, de l'extraordinaire liberté d'esprit des physiciens.


Edito du Monde LEMONDE | 24.09.11 | 14h02

Scientifique ou pas

Publié le 21/04/2011 à 19:44 par adlibitum

http://www.universcience.tv/media/2971/scientifique-ou-pas--.html

Comment les métaphores programment notre esprit

Publié le 26/03/2011 à 16:35 par adlibitum Tags : image 2010 gif article background travail femmes livre pensée éléments texte animal mode

LEMONDE.FR | 25.03.11 | 17h10  •  Mis à jour le 25.03.11 | 17h42


INTERNETACTU -Encore un coup dur porté à l’idée de l’homme “animal rationnel” et une brique de plus à l’édifice de 2010/04/07/letude-des-comportements-peut-elle-permettre-de-les-changer-14-le-progres-a-besoin-detre-mieux-gere/">l’économie comportementale. Notre vision du monde – et par conséquent nos décisions – seraient en grande partie modelées par notre système de métaphores, lesquelles n’appartiennent décidément pas qu’aux poètes. C’est ce qui ressort de article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0016782">l’expérience menée par Paul Thibodeau et Lera Boroditsky, à l’université de Stanford, relatée par un article de Discover magazine.

Ces deux chercheurs ont proposé à leurs sujets deux rapports sur le crime dans la ville d’Addison, chacun des cobayes n’en lisant bien sûr qu’un seul. Dans le premier texte, le crime était décrit comme une bête sauvage, un dangereux prédateur. Résultat, 75 % des lecteurs de ce rapport ont préconisé des mesures punitives, comme la construction de nouvelles prisons, par exemple. Seulement 25 % ont suggéré la mise en œuvre de mesures économiques, sociales, éducatives ou sanitaires.

L'ILLUSION DE L'OBJECTIVITÉ

La seconde version reprenait exactement les mêmes éléments que la première, statistiques comprises. A ceci près que le crime y était montré comme un virus infectant la ville et contaminant son environnement. Cette fois, les lecteurs n’étaient plus que 56 % à se prononcer pour le renforcement des sanctions et des moyens d’action de la police ; 44 % d’entre eux suggéraient des réformes sociales.

En bref, lorsque la criminalité est considérée comme une "maladie", on est plus disposé à chercher à "soigner" plutôt qu’à "combattre" et "punir".

Interrogés sur leurs choix, seulement 3 % des sujets semblent avoir eu conscience de l’influence de la rhétorique sur leurs recommandations. La plupart étaient persuadés que ces dernières étaient dictées par les statistiques du rapport. En clair, ils se croyaient "objectifs".

Poursuivant plus avant leurs expériences, les chercheurs ont également pu faire d’autres observations intéressantes. Ainsi, inutile de “filer la métaphore” en poursuivant la comparaison de manière trop pesante. Mentionner une seule fois la notion de “bête sauvage” ou de “virus” sans insister plus avant suffit à modifier les résultats. En revanche, placer la métaphore à la fin du rapport, et donc ne pas la laisser imprégner le contexte, tend à annuler son effet.

Évidemment, il faut aussi prendre en compte les opinions préétablies des sujets. On sait qu’aux Etats-Unis les Républicains sont plus prompts à réclamer des sanctions plus sévères, tandis que les Démocrates sont plus favorables aux mesures sociales ou que les femmes sont en général plus compatissantes que les hommes. Mais, surprise encore, les différences d’opinions générées par ces critères ne semblent jouer que dans 9 % des cas, alors que les métaphores seraient responsables de 18 à 22 % de l’élaboration des opinions.

Dans ces travaux, les chercheurs se sont probablement inspirés des travaux deGeorge Lakoff (dont ils citent d’ailleurs les textes dès l’introduction de leur article). Selon ce linguiste cognitif, l’ensemble de la pensée est basé sur la métaphore. Lakoff est devenu pendant un temps le “gourou” des Démocrates. Dans son livreDon’t think of an elephant (Ne pensez pas à un éléphant, cet animal étant le symbole du parti Républicain) il a conseillé à ces derniers de mettre au point un système cohérent de métaphores, art dans lequel, selon lui, les Républicains excellent, au lieu de se contenter de “listes de blanchisserie”, c’est-à-dire de séries de mesures individuellement attractives, mais sans assise métaphorique, sansstorytelling, pour employer un mot à la mode.

DE L’IMPORTANCE DU "STORYTELLING"

Il cite ainsi un questionnaire datant de l’époque où Arnold Schwarzenegger s’opposait à Gray Davis pour le poste de gouverneur de Californie. La plupart du temps les personnes interrogées marquaient leur préférence pour les mesures annoncées par le candidat Démocrate. Mais lorsqu’on leur demandait finalement pour qui ils allaient voter, bien trop souvent, et en contradiction avec leurs propres réponses, il répondaient : “Arnold Schwarzenegger”.

Pour Lakoff, toute notre pensée est basée sur des métaphores, y compris pour ses formes les plus abstraites, comme les mathématiques. Ed Yong, l’auteur de l’article de Discover va lui aussi dans le sens de Lakoff, en mentionnant le rôle important de la métaphore en science, ne manquant pas de signaler par exemple le fait bien connu qu’une comparaison trop simple entre le cerveau et l’ordinateur peut bloquer la réflexion. Yong mentionne également un travail universitaire (.pdf) qui montre comment le fait d’envisager les réseaux électriques comme des systèmes de plomberie ou des foules en mouvement peut influencer la compréhension d’étudiants en ingénierie.

Le dernier élément intéressant de cette étude ne porte pas sur son contenu, mais sur sa forme. En effet, si certaines expériences ont été menées de manière “classique” sur des étudiants, d’autres ont fait appel à des sujets recrutés via le service du “turc mécanique” d’Amazon. Il s’agit donc d’une étude en psychologie en partie “crowdsourcée”. Mais savoir si de telles méthodes révolutionneront les recherches psychologiques ou seront critiquées pour leur manque de fiabilité… c’est une autre question.

Rémi Sussan

 

L'origine de l'univers

Publié le 28/11/2010 à 16:57 par adlibitum Tags : 2010 gif article background livre poésie image

"Discours sur l'origine de l'Univers" : chimérique origine

Autant le dire tout de suite : on ne sait toujours pas, une fois la lecture du livre achevée, si Dieu existe ou non. A rebours de quelques événements éditoriaux de ces derniers mois - certains relevant de l'imposture la plus épaisse -, le projet d'Etienne Klein dans son Discours sur l'origine de l'Univers n'est pas de considérer le Créateur comme la racine putative d'une cabalistique équation. C'est même précisément l'inverse. Le physicien montre comment la question des origines - ou plutôt de l'Origine - n'a pas de solution au sens de la physique. Il raconte aussi comment cette obsession d'un moment zéro présumé, si commode pour les esprits judéo-chrétiens, travestit l'image de la science dans le grand public.

Car, pour le béotien, cette affaire de commencement semble bel et bien réglée, depuis longtemps. Ne parle-t-on pas, depuis de nombreuses années, de ce fameux Big Bang, cette gigantesque déflagration originelle, intervenue il y a quelque 13,7 milliards d'années ? L'Univers entier se concentrait alors dans un espace nul pourvu d'une énergie infinie... Tout serait parti de cette singularité "initiale". Hélas - ou heureusement -, les choses ne sont pas aussi simples.

Car, écrit Etienne Klein, "même si une certaine vulgate disant le contraire continue de courir, le temps de l'Univers n'est pas passé par le célébrissime instant zéro qu'on associe communément et abusivement au Big Bang".

Pour comprendre, il faut remonter le temps. D'une plume vive, Etienne Klein emmène son lecteur vers les contrées de l'espace et du temps les plus proches de cet instant présumé initial. En ces lieux, les équations de la physique cessent de fonctionner : au-delà du fameux "temps de Planck" (10 - 43 seconde), tout devient caduc. Face à ce "mur de Planck", la science est aveugle. Elle ne peut se figurer ce qui se cache derrière, qui est précisément l'aspect de l'Univers primordial, où "la matière était furieusement agitée, affolée de manière paroxystique".

Les chercheurs ne rendent pas les armes pour autant. Etienne Klein aborde ainsi, avec une poésie badine qui ne rechigne pas à jouer avec et sur les mots, les travaux marquant de ces dernières années, dont l'objectif est l'érection d'une théorie d'unification.

QUÊTE

Les physiciens disposent aujourd'hui de deux grandes théories. La première, dite de la relativité générale, serait comme un ample navire capable de franchir de grandes distances, d'aborder les vagues puissantes de l'océan. L'autre, l'ensemble des théories qui fondent la physique quantique, serait un minuscule esquif capable de naviguer paisiblement à la surface d'une gouttelette d'eau. Ce que les physiciens théoriciens recherchent avec ardeur, c'est le bateau unique qui pourra s'adapter à toutes les conditions de navigation. Et nous emmener vers l'Univers primordial, nous rapprocher de ce "début" dont nombre de chercheurs pensent qu'il a en réalité tous les traits d'une transition...

Cette quête, que raconte Etienne Klein, est l'une des grandes aventures intellectuelles du siècle en cours. L'auteur la débarrasse de son inquiétant jargon et la donne à voir simplement, sans jamais faire accroire qu'elle nous donnera la clé de l'origine. Car, passés au crible de la physique, les mots par lesquels se pense un commencement se parent de significations baroques. Ils nous échappent. Ils nous rappellent au contraire la vanité de la question.


 

Discours sur l'origine de l'Univers, Etienne Klein, Flammarion, 181 p., 17 €

 

Stéphane FoucartArticle paru dans l'édition du 28.11.10

le propre de l'homme

Publié le 21/11/2010 à 11:27 par adlibitum Tags : homme

Une synthèse intéressante des caractéristiques  humaines, et une leçon de relativisme.

http://www.universcience.tv/media/1933/le-propre-de-l-homme.html

N'hésitez pas à  regarder les autres vidéos.